
Vous connaissez sans doute une personne qui s’est vu prescrire des statines pour faire baisser son niveau de cholestérol : c’est après tout l’un des médicaments les plus prescrits. De nombreuses études ont déjà démontré que les avantages des statines éclipsaient aisément ses effets secondaires, mais les médecins s’inquiètent depuis longtemps que leurs patients cessent de prendre ce médicament après avoir ressenti des douleurs musculaires. Or, une nouvelle étude vient de montrer que les patients qui prenaient des statines ne déclaraient pas avoir davantage de problèmes musculaires lorsqu’ils ignoraient qu’ils prenaient ce médicament.
L’étude de l’Imperial College de Londres publiée dans The Lancet (en anglais) analysait les données d’un vaste essai clinique à répartition aléatoire mené sur une période de trois ans sur plus de 10 000 patients pour réduire leur taux de cholestérol au Royaume-Uni, en Irlande et dans les régions nordiques. Les chercheurs ont conclu que les douleurs ou faiblesses musculaires n’étaient probablement pas causées directement par les statines, mais plutôt par l’effet appelé « nocebo », selon lequel les patients sont plus susceptibles de rapporter un effet secondaire s’ils s’attendent à le subir.
L’auteur principal de l’étude, le Dr Peter Sever, s’est empressé de souligner que les patients pouvaient ressentir des douleurs absolument réelles en raison de l’effet nocebo, ajoutant qu’il espérait que les données recueillies dans le cadre de cette étude allaient persuader les médecins et les patients que les inquiétudes exagérées relatives aux statines n’avaient pas jusqu’ici de fondement scientifique. « Nous savons que de plus en plus de patients qui ont cessé de prendre leurs statines subissent des crises cardiaques ou des AVC et en meurent trop souvent, a-t-il dit. C’est un énorme problème qui touche des dizaines, voire des centaines de milliers de patients partout dans le monde. »